jeudi 13 juin 2024

Oui, Front populaire !

Antoine Manessis

"Front populaire!" Ce matin dans une manif en Seine Saint Denis avec Sophie Binet secrétaire générale de la CGT. Partout ça crie avec une grande détermination, une volonté farouche "Front populaire !" Ce n'est pas une demande ni un souhait. C'est une exigence qui monte du peuple. 

Impossible de ne pas voir défiler des images en noir et blanc, de ne pas se souvenir de ce que parents et grands-parents nous racontaient, la victoire électorale, les grèves, les conquêtes...Aussi, surtout qu'ils ne passent pas, ceux qui régnaient désormais à Rome et Berlin, brisant les gauches et les syndicats. Les fascistes.

Et, pourquoi ne pas le dire, l'émotion de suivre la route qu'un jour ils nous ont tracé.

Front Populaire. Rencontre de l''histoire et de la nécessité. Du réalisme et de l'espérance

Sans anachronisme mais sans erreur sur la marchandise: néo certes mais néo-fascistes. "Maintenant l'Union. Urgente, forte, claire", confirme Jean-Luc Mélenchon.

La CGT de son côté soutient l’idée d’un Front populaire et avec 4 autres syndicats : Solidaires, CFDT, Unsa, FSU appellent à des manifestation "pour porter la nécessité d'alternatives de progrès pour le monde du travail".  Manifestations auxquelles la FI et les autres partis de gauche appellent à se joindre. "Il faut un sursaut démocratique et social. À défaut, l'extrême droite arrivera au pouvoir. Notre République et notre démocratie sont en danger".

Que les syndicats se décident à parler "politique" est un pas en avant notable et tant attendu.

Les chefs de la gauche se rencontrent bousculés eux-mêmes par le risque que fait courir à la classe et au pays l'incendiaire de l'Elysée. La France insoumise demande cette réunion qui aura lieu chez les Ecolos. La FI, le PS, le PCF et les Ecologistes ont indiqué "soutenir des candidatures uniques dès le premier tour" des élections législatives, dans un communiqué également signé par Place publique et Générations. "Dans chaque circonscription, nous voulons soutenir des candidatures uniques dès le premier tour portant un programme de rupture. Nous appelons à la constitution d'un nouveau front populaire rassemblant dans une forme inédite toutes les forces de gauche humanistes, syndicales, associatives et citoyennes" affirment-ils.

Le Collectif féministe  #NousToutes  déclare "Plus question de faire barrage, c'est l'union de la gauche que nous réclamons".

 L'écologiste Sandrine Rousseau, qui a affirmé ce matin "qu'il faut partir sur le programme de la Nupes. Il faut le faire et l'affirmer maintenant".  Et il est vrai que la Nupes, construite grâce au résultat de Mélenchon, avait permis en juin 2022 de faire entrer 151 députés à l'Assemblée nationale, ce que certains voulaient oublier.

L'anti-France Insoumise primaire de Raphaël Glucksmann provoque un malaise et les jeunes manifestants de gauche scandent "Et non, Glucksmann n’est pas un camarade"... Fabien Roussel n'a pas pu s'empêcher de dire que le Front populaire se faisant "sans Mélenchon".

Disons-le, l'heure n'a jamais été aux replis sectaires mais à trois petites semaines des législatives, c'est encore plus vrai. C'est l'union qui est impérative et qui ne peut se faire que sur des propositions programmatiques de rupture. Bien entendu les choses se négocient et les compromis sont envisageables. Mais la question des différences et des divergences ne peuvent pas être tranchées par les états-majors. Elles le seront par le mouvement social. Par les travailleuses et les travailleurs. Par les classes populaires dont la vie en en jeu.

Quand la France Insoumise propose l'indexation des salaires sur l'inflation ou la reconnaissance de la Palestine, nous verrons bien comment le rapport des forces sociales et politiques se construira face à ceux qui seraient contre ces deux mesures. 

Le Front populaire de 1936 a laissé sa marque dans notre histoire parce que la vague de grèves et d'occupation des lieux de travail ont fait bouger les choses dans le sens de ce que le peuple attendait d'un gouvernement de gauche et que la CGT réunifiée avait mené le combat pour faire plier les patrons mais aussi pour encourager le gouvernement de Blum à entendre les revendications populaires.

C'est toujours ainsi que fonctionne un front. Ce n'est pas un mécano ou un lego. C'est un mouvement, une dynamique où des forces différentes s'exercent et où le rapport entre ces forces est décisif. Parfois vers une accélération du processus de changement démocratique, parfois comme un frein. C'est le peuple sa conscience des enjeux, sa mobilisation, son implication, son intervention qui sont décisifs. Bien sûr les organisations sont les relais et les outils de la volonté populaire mais en aucun cas elles ne se substituent  à l'action des masses. Elles mettent en forme, en musique, elles peuvent tracer des pistes ouvrir des perspectives, proposer des chemins. Les dogmatiques qui croient encore aux avant-gardes éclairées pourront rester sur leur Aventin de pureté, ça ne fera pas grand monde.

Alors que les droites, macronistes inclus, tiennent toutes, sans exception, des discours néofascistes au moins sur un certain nombre de sujets quand  ce n'est pas sur tous, quand Eric Ciotti, le président de LR, se prononce pour une alliance entre la droite et le RN et que ses opposants pseudo-républicains dénoncent la gauche comme "l'extrême-gauche qui veut semer le chaos", que Jordan Bardella (RN) met bas le masque en avouant qu'il ne changera rien à la réforme des retraites...

... il faut créer un cadre qui sera donc le Front populaire dont la vie montrera si les travailleurs et le peuple lui feront tenir ses promesses.

Antoine Manessis.

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