samedi 20 juillet 2024

Cirque parlementaire : la macronie conserve le perchoir malgré sa défaite aux législatives

Nathan Deas

Yaël Braun-Pivet, la députée des Yvelines, conserve sur le fil son poste de présidente de l’Assemblée grâce aux voix de la droite. Malgré sa défaite aux législatives, et sur fond de tambouilles politiciennes, le macronisme se prépare à continuer à gouverner.

Qui se hissera au perchoir ? C’était la question de ce jeudi alors que les députés se réunissaient en session extraordinaire après les élections législatives. Sur le papier, un mois après la dissolution de l’assemblée et deux défaites du macronisme aux européennes puis aux législatives, Yaël Braun-Pivet n’avait aucune légitimité politique à retrouver la présidence de l’Assemblée, traditionnellement dévolue à la première force de l’hémicycle.

Avec 220 voix, devant le NFP André Chassaigne (207 suffrages) et le RN Sébastien Chenu (141 voix), c’est pourtant la candidate à sa réélection qui s’est imposée sur le fil, au troisième tour du scrutin. Une victoire au forceps qui doit beaucoup aux Républicains et aux alliés de la macronie, Modem et Horizons, qui se sont portés sur son nom après avoir retiré leurs candidats respectifs.

Si le plan de l’Elysée a fonctionné, le déroulé et l’incertitude autour du scrutin, qui relève en temps normal de la formalité, illustre les conséquences d’un hémicycle sans majorité, divisé en trois blocs. Dans ce contexte de crise politique, la macronie réussit cependant une fois de plus à manœuvrer pour se maintenir au pouvoir.

Non seulement la macronie conserve la présidence de l’Assemblée au moment où celle-ci concentre les enjeux politiques pour le régime, mais près de deux semaines après le deuxième tour des législatives et l’arrivée en première position du NFP, le gouvernement « d’affaires courantes » de Gabriel Attal pourrait s’installer encore pour plusieurs mois. Dans le même temps, Macron profite de l’absence de majorité claire et des prérogatives que lui offrent la Constitution pour dicter le profil du futur gouvernement.

Alors qu’une proposition de futur premier ministre peine toujours à émerger, à gauche comme à droite, les tambouilles politiciennes en cours pourraient s’inscrire dans la continuité de ces manœuvres anti-démocratiques. LR devrait décrocher pas moins de sept postes au sein de l’Assemblée en échange des services rendus ce jeudi, et pourrait y compris récupérer la présidence de la Commission des finances, traditionnellement attribuée à la principale force d’opposition. Cet accord pourrait en outre préfigurer le « pacte législatif » avec LR qu’Emmanuel Macron a appelé de ses vœux pour « faire barrage » au NFP et reprendre la main.

Tandis que le NFP essuie un nouvel échec, alors que son aile droite affiche de plus en plus clairement sa disposition à liquider un programme déjà très limité, le macronisme continue ainsi d’avancer ses pions pour se maintenir au pouvoir. En dépit des fortes incertitudes sur la possibilité de trouver une majorité, et de la possibilité que s’ouvre une crise de régime, ce dernier a déjà réussi à se replacer au centre du jeu, malgré sa double défaite aux européennes et aux législatives.

Profitant des rouages les plus anti-démocratiques de la Vème République, on peut craindre que cette dynamique donne lieu rapidement à de nouvelles attaques, alors que l’UE et Bercy préparent un plan austéritaire massif pour le pays. Dans ce contexte, à rebours de l’adaptation totale des dirigeants du NFP aux institutions, les travailleurs, la jeunesse et les quartiers populaires doivent prendre leurs affaires en main pour défendre leurs revendications.

En ce sens, et alors que la CGT appelait à des mobilisations impuissantes pour faire pression sur le Parlement jeudi, l’urgence est plus que jamais à la préparation de mobilisations ouvrières pour affronter l’État et le patronat. Qu’il s’agisse des salaires, des retraites ou du durcissement autoritaire du régime, dans la situation de crise internationale actuelle et de déclin du capitalisme français...

...c’est sur nos propres forces et dans les armes du monde du travail que nous devons compter.

Révolution Permanente 

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