jeudi 25 juillet 2024

Coup de force antidémocratique : Macron persiste et signe

Nathan Deas

Dans une interview en forme de déni de réalité, Macron a balayé d'un revers de main l'éventualité d'un gouvernement NFP, malgré l'accord scellé ce mardi à gauche autour du nom de Lucie Castets. Un coup de force qui réactualise l'enjeu de préparer l'affrontement pour arracher nos revendications.

Lunaire. À écouter ce mardi Emmanuel Macron, qui semble plus que jamais graviter dans une réalité parallèle, tout irait pour le mieux dans le pays. Ni le chaos autour de la préparation des Jeux, dans lesquels des travailleurs dénoncent déjà des conditions de travail « honteuses », ni la transformation de Paris en gigantesque caserne de police, ne saurait éteindre la « flamme de l’olympisme ». Pas même la crise politique, qu’il entend résoudre à sa manière.

Malgré la défaite du camp présidentiel aux législatives, le président de la République a en effet montré dans son interview qu’il persiste et signe dans le coup de force anti-démocratique. Dans la continuité de sa « lettre aux français », Emmanuel Macron a expliqué que « personne n’a gagné » et appelé à la « responsabilité » des élus du « front républicain » pour trouver un accord de gouvernement. Tout en écartant l’idée d’une abrogation de la réforme des retraites, il a salué le « pacte législatif » de la droite présenté lundi, et riche en mesures xénophobes, sécuritaires et austéritaires.

Affirmant qu’il ne désignera pas un premier ministre avant au moins la « mi-août », sans préciser jusqu’à quand gouvernera Attal, Macron entend ainsi imposer les conditions du prochain gouvernement. Si le chef de l’Etat a cette fois reconnu la défaite de la « majorité sortante », il a aussi souligné que le bloc central n’avait pas disparu et que toutes les forces étaient loin de la majorité absolue, balayant d’un revers de main l’idée d’un gouvernement du NFP, arrivé en tête aux législatives, et qui avait annoncé une heure plus tôt le nom de sa candidate à Matignon.

Ce nouveau coup de force doit être dénoncé largement. En s’appuyant sur les rouages les plus antidémocratiques de la Vème République et sur les résultats des législatives, Macron cherche à se maintenir au pouvoir coûte que coûte et à dicter qui a le droit de gouverner. Cette prise de position d’un pouvoir totalement minoritaire annonce toujours plus d’autoritarisme, au service de mesures racistes et anti-ouvrières. Cependant, face à ces attaques, force est de constater l’impuissance des stratégies proposées par la gauche institutionnelle.

D’une part, comme l’a rappelé Macron en insistant sur sa volonté de s’inscrire dans la continuité du « front républicain », la gauche elle-même a joué un rôle central dans le fait de permettre au bloc central de sauver les meubles. En outre, pendant que Macron entérine depuis plusieurs semaines son maintien au pouvoir, le NFP continue de se limiter à réclamer une cohabitation avec ce dernier, tout en s’alignant toujours plus sur la gauche de gouvernement modérée à la sauce PS.

Après avoir scellé un accord sur un programme plus à droite que celui de la NUPES, et alors que des figures du NFP commencent déjà à remettre en cause leurs promesses de campagne, le choix de Lucie Castets comme candidate de la gauche à Matignon est ainsi emblématique. Énarque et haute-fonctionnaire, passée par Bercy et la Banque Mondiale, et actuellement à la direction des finances de la Ville de Paris dirigée par le PS, son profil de technocrate de gauche, gage de respect des institution et des intérêts du patronat, évoque trait pour trait celui de tant de politiciens qui nous ont déjà trahis.

Dans le contexte de la crise politique en France, de la pression accrue des marchés financiers et du retour des tendances à la guerre à l’international, il y a besoin d’autres choses que de telles perspectives institutionnelles et promises à l’échec. Plus que jamais, face à l’autoritarisme de Macron et sa volonté de reprendre rapidement les attaques...

... c’est sur nos luttes et les armes du monde du travail qu’il va falloir compter pour affronter la période et arracher nos revendications, en toute indépendance des partis du régime.

Révolution Permanente

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