Inquiétudes estivales

Antoine Manessis

On se demande pourquoi le PS, avec les Verts et PCF, n'ont pas proposé François Hollande comme premier ministre à Macron. Au moins cela eut été  drôle.

Avec Laurence Tubiana c'est juste une provocation un peu puérile en direction de la FI. Cette dame, sans doute fort honorable au demeurant, est une femme de centre gauche, expression du jospino-hollando-macronisme, qui expliquait dans une tribune récente que "Le Nouveau Front populaire doit sans tarder tendre la main aux autres acteurs du front républicain pour discuter d’un programme d’urgence républicaine". Bref "tendre la main" à Macron et laisser tomber le programme du NFP qui a reçu l'onction de 9 millions d'électeurs. Ah ! les socialistes...

Le PS qui a refusé la proposition des trois autres (FI, PC, Verts qui soutenaient Huguette Bello) se permet, par la bouche d'Olivier Faure, de dire : "Trois formations sur quatre, et en réalité la majorité des parlementaires du NFP y sont favorables. Pourquoi considérer que la parole d’un seul s’impose à tous les autres ?". Donc quand c'est le PS qui met un veto c'est bien, quand c'est la FI c'est méchant. Bref, tout cela n'est pas sérieux. 

François Ruffin s'agace des tergiversations (nous aussi) et propose...que ce soit les députés du NFP qui désignent le candidat. En quel honneur ? C'est le parti qui présente les députés, c'est le parti qui a un programme, c'est le parti qui fait campagne, ce sont les militants et les cadres du parti qui font les élus, c'est le parti qui fait vivre la démocratie car la démocratie ce n'est pas seulement, ce n'est pas surtout le parlement. Les dirigeants du parti, au moins autant que les élus, ont la responsabilité de faire respecter les engagements pris devant les citoyen-ne-s.

Une notion semble ignorée par Ruffin, et pas seulement lui, c'est celle de mandat. Un député est un mandataire du peuple qui lui a confié en l'occurrence la mission d'appliquer un programme, celui du NFP. Les députés sont donc les mandataires du peuple qui les a élus.

Manuel Bompard coordinateur de la FI a dit à propos de l'hypothèse Tubiana "Si c’est le profil sur lequel travaillent nos partenaires, je tombe de ma chaise". Comment lui donner tort ?

Mais il a ajouté la "priorité" de la gauche ne devait pas être de désigner un prétendant pour Matignon mais de s’accorder sur une candidature commune pour l’élection à la présidence de l’Assemblée nationale. Peut-on savoir pourquoi ? Depuis le 7 juillet, les chefs du NFP, y compris Bompard, nous expliquent qu'ils se réunissent tous les jours pour trouver un candidat au poste de premier ministre. Priorité ou passe-temps ?

De plus, ce n'est pas eux mais Macron qui désigne le 1er ministre. Que la gauche en propose un est juste puisque le NFP est le premier groupe à l'Assemblé et que la tradition veut qu'il soit choisi dans le groupe arrivé en tête. Mais on se rend compte que le NFP, comme la NUPES avant lui, ne règle pas les divergences entre les composantes du NFP et que les candidatures Bello/Tubiana montrent qu'il y a encore bien du chemin à faire (version optimiste de la situation).

De plus, compte tenu des rapports de forces droite/gauche, on s'interroge sur la durée de vie d'un gouvernement du NFP. Comme d'ailleurs d'autres gouvernements (Macronie-LR par exemple) : on voit bien qu'ils seront à la merci de la première motion de censure venue.

Quant à la nouvelle "priorité", la présidence de l'AN, on aimerait aussi que Bompard explique en quoi c'en est une. Et comment on peut espérer faire voter des macronistes en faveur d'un NFP ? Et même sans cela, comment le compte peut-il être bon ?  Certes, la politique ce n'est pas l'arithmétique mais tout de même...

La Macronie a été battue lourdement. Les LR ne sont plus que des forces d'appoint. Le RN néofasciste est en voix la première force politique du pays. La gauche unie dans le NFP est la première force politique en sièges à l'AN. Mais on voit tout de suite, à peine 10 jours après le 7 juillet, que "ça branle dans le manche".

On se demande comment une issue de gauche peut être envisagée dans une telle configuration.

Antoine Manessis