jeudi 1 août 2024

Voler n’est pas une maladie

Olivier Cabanel

Même si « l’oiseau né dans une cage pense que voler est une maladie  », comme l’a écrit Jodorowski, comment ne pas s’étonner de cette propension des humains à accepter des privations de liberté de plus en plus conséquentes ?

Récemment, à l’occasion des J.O., on a pu observer la soumission quasi générale de l’humain aux restrictions de liberté, acceptant de circuler derrière des grilles, s’obligeant à obtenir un QR code, au milieu d’une police sur-armée, de tanks et autres engins militaires, avec des snipers sur le toit des immeubles, et des gendarmes (56 000 dont 11 000 militaires) montés sur des engins, pointant leurs armes sur des terroristes à venir...lien

Cette profusion d’armes de guerre pourraient bien susciter quelques envies, comme on a pu le constater récemment, lorsque des militaires en pause déjeuner se sont vus voler armes et munitions dans une petite citée iséroise. lien

Passons...

Lors de ce qui a été qualifié de pandémie, des mesures du même genre avaient été appliquées à une population aux ordres.

C’est la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui rappelle, dans son article 5, qu’une privation de liberté ne se limite pas à une arrestation par la police ou à une détention par les autorités, mais peut revêtir de nombreuses autres formes...nous y sommes aujourd’hui. vidéo

Et les années qui passent ne nous encouragent pas à l’optimisme.

En effet, si en 2020, les français étaient encore 59 % à affirmer vivre en toute liberté de choix, l’année qui a suivi à constaté qu’ils n’étaient plus que 49,7 % à le penser. Pire, ils étaient moins de 30 % à envisager l’avenir en tout optimisme, et seulement 36 % restaient confiants au sujet de leur situation financière. Lien

Cela ne s’est pas arrangé en 2023, et ils étaient plus de 70 % à se déclarer pessimistes quant à l’avenir de la France et ils sont à 80 % dans un état d’éco-anxiété.

Si l’on en croit le CESE (Conseil économique Social et Environnemental) seuls 19 % des français avaient encore le sentiment que le pays allait dans la bonne direction, et 92 % sont pessimistes pour leur propre avenir. Ils constatent que, pour un français sur deux, le pouvoir d’achat est insuffisant, et ne répond pas à leurs besoins essentiels. Lien

Ajoutons pour la bonne bouche qu’un seul salarié sur 5 aime son travail…Ce travail dont on pourrait parler, car comme l’explique l’ex député européen Pierre Larrouturou, les français seraient, à une très grande majorité, favorables à l’idée de moins travailler, 32 heures par semaine, même si certains se sont fait à l’idée d’accepter le monde qui leur est proposé…lien

« Travailler moins pour gagner plus » serait la nouvelle tendance, d’autant que partager le travail en donnerait à ceux qui n’en n’ont pas...voilà ce que serait la nouvelle donne, repoussant le concept des « bullshit-jobs », travaux de merde, pour rester français...

Mais alors comment expliquer l’apathie des français/e face à cette situation pour le moins inquiétante ? Pour le comprendre, il faut découvrir la fable de la grenouille et de la casserole : si on met la grenouille dans une casserole d’eau froide, et qu’on la fait chauffer progressivement, le batracien ne réagira pas, et lorsque l’eau sera trop chaude, elle n’aura plus la force d’en sortir. lien

Hélas, ils sont nombreux à confondre « on n’a pas le choix », avec « on n’a pas le courage »…

Espérons que ces froggies de français auront bientôt assez de force pour sortir de l’eau chaude, mais rien n’est moins sûr.

Entre parenthèse, on s’est souvent demandé de ce coté de la Manche pour quelle raison, les anglais nous qualifiaient de « grenouille »…La première raison serait que nos cousins britanniques se sont offusqués que nous puissions nous régaler de ces petits batraciens, autant déguster du serpent pensent-ils ! Mais l’origine de cette appellation est plus ancienne : d’abord parce qu’il existait jadis sur la rive gauche de la Seine, en amont du port du Gros-Caillou, un emplacement qui s’appelait « la grenouillère », plus précisément «  la Guernouillère  », lieu ou fut construit la Gare d’Orsay, devenu aujourd’hui le musée que l’on sait... et la noblesse nommait ainsi le petit peuple qui vivotait humblement là.

Le langage de la Grenouillère devint donc un symbole de naïveté bon enfant et de la liberté de ton du petit peuple parisien, et ce « patois parisien » servait d’arme didactique, d’autant que la noblesse de la cour appelait « les grenouilles » l’ensemble du peuple de ParisEt au moment de la Révolution, la noblesse anglaise reprit avec ravissement le sobriquet méprisant de froggies à l’égard des parisiens, l’élargissant bientôt à tous les français sans distinction, ainsi que l’affirme Claude Duneton dans les colonnes du Figaro Littéraire. Lien

Alors les froggies sortiront-elles de la casserole à temps ?…

Comme dit mon vieil ami africain : « Celui qui veut du miel doit avoir le courage d’affronter les abeilles  ».

agoravox.fr

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