Viktor Dedaj
Si
un jour un représentant des forces de l’ordre me demande « Où
étiez-vous dans la nuit du 19 juillet 2014 entre 20h00 et 20h30 ? », je
sais que même dans cent ans, je n’aurai aucun mal à fournir un alibi :
« Je regardais le journal télévisé de France 2 » (*) Oui, je sais, mes
fans seront déçus, mais une fois n’est pas coutume. Et arrêter de
regarder les « informations » à la télévision, ce n’est pas comme
arrêter de fumer. Il n’y a aucune dépendance et on ne « rechute » pas,
Au contraire, il faut même se forcer à regarder « ça » de nouveau, ne
serait-ce que pour renouveler son stock d’insultes.
Le 19 juillet
donc, me voilà l’oeil hagard devant l’insondable bêtise, etc... (vous
connaissez le refrain) Mais quand même, ce soir là, entre 14mn et 17mn,
la télévision française nous présente un reportage sur le hallali, aöli,
ou je ne sais quoi (le truc des juifs qui retournent à la terre
promise). Cette semaine-là, ils étaient 400 français, paraît-il, à faire
de l’aöli en Israël. Puis, avec une maladresse qui confine au
désespoir, le reportage tente de nous intéresser au sort d’une famille
de ploucs (la famille Sberro, un nom à retenir ne serait-ce que pour
animer les soirées moroses) qui participent à l’hallali général.
Séquence "Emotion".
Madame, présentée comme parisienne mais qui
semble sortie tout droit d’un salon de coiffure niçois, nous explique
qu’elle ne se sent pas bien en France, angoissée qu’elle est... points
de suspension. On n’en saura pas plus, mais Séquence Emotion car il y a
des non-dits qui en disent long. Et surtout parce qu’on sent que Madame
est totalement incapable d’en dire plus et qu’elle éprouve déjà des
vertiges devant la longueur et la profondeur de la phrase que comme qui
dirait elle a failli être sur le point de prononcer - ah si seulement
elle avait trouvé les mots justes, mais on a quand même compris (parce
qu’on est intelligents et surtout bien conditionnés) qu’elle faisait
allusion au mot qui commence par « anti » et se termine par « mite ».
Séquence Emotion, mais aussi Séquence Vertige.
On aperçoit aussi
ses deux rejetons, genre candidats à la présélection de la Nouvelle
Star. Le total cumulé des QI de toute la petite famille semble être
inférieur à la hauteur des talons de Madame.Visitant leur tout nouvel
appartement (offert, semble-t-il), une alerte aérienne résonne et tout
le monde se précipite vers (eh oui) un pièce spécialement blindée.
Chemin faisant, Madame s’exclame « Regardez, ce qu’ils veulent vous faire, ils veulent vous tuer » avec la même voix que si elle avait crié « Dépêchez-vous, les Galeries Lafayette vont bientôt fermer ». Séquence Angoisse, donc.
Comment
rester insensible devant des images aussi bouleversantes, ? Comment ne
pas éprouver une empathie immédiate et totale devant le sort de ces
immigrés arrachés par les tourments de l’Histoire à leur pied-à-terre
parisien et ballottés sur cette terre - promise, certes, mais un petit peu étrangère quand
même - trimballant quelques maigres possessions enfournées à la hâte
dans des valises Vuitton qui - comble de la misère - ont déjà servi au
moins une fois pour des vacances à Ibiza ?
Comment ne pas penser aux téléspectateurs soumis à de telles atrocités alors qu’ils sont encore à table ?
Et
question plus sérieuse : comment se fait-il qu’Israël soit totalement
incapable de communiquer la moindre sympathie en dehors de son cercle
habituel de groupies fanatiques ? À chaque interview, à chaque
déclaration, à chaque initiative, la nature de ces Israéliens-là, à la
fois bêtes, haineux, méchants, racistes et arrogants... se révèle au
point de me faire dire qu’il n’y a finalement pas de meilleure argument
contre Israël que les Israéliens eux-mêmes. Une heure de conversation
avec un sioniste suffit en général pour perdre toute trace d’empathie
qu’on pouvait encore avoir au fond de sa conscience d’occidental shoahisé à souhait.
Cette irrésistible envie d’Antisémitisme
Là où il y a absence d’antisémitisme, le sionisme l’invente.
Là où il y a pénurie d’antisémitisme, le sionisme le fabrique.
Là où il y a abondance d’antisémitisme (comme à Kiev), le sionisme s’en accommode.
Là où il y a pénurie d’antisémitisme, le sionisme le fabrique.
Là où il y a abondance d’antisémitisme (comme à Kiev), le sionisme s’en accommode.
Sans
l’Antisémitisme (c’est ça le mot, au cas où vous le cherchiez encore),
tous les Mme Sberro de la Terre (promise ou non) ne seraient rien.
Ils/elles ont besoin de cette haine pour exister, pour justifier
la leur, les vols, expropriations, etc. À l’instar de la fameuse phrase
de G. W. Bush et des néoconservateurs US, « pourquoi nous
haïssent-ils ? », le retournement de la question relève de la
psychanalyse, sauf que dans le cas des Sberro et Cie, le pourquoi
est de trop puisque, dans leur grande sagesse et avec cette vision
historique qui n’appartient qu’à ceux qui fréquentent assidûment les
salons de bronzage, ils/elles connaissent déjà la réponse.
Et c’est ainsi que...
Puisque je "sais" qu’ils me détestent pour ce que je suis, je n’ai plus à me questionner sur ce que je fais. Et si quelqu’un m’interpelle sur ce que je fais, je me retrancherai derrière ce que je suis.
En attendant, j’installerai des chaises sur une hauteur pour observer les bombardements sur Gaza. À chaque explosion, j’applaudirai en serrant un peu plus les cuisses de bonheur.
À chaque hurlement de sirènes, j’irai me réfugier sous une table, avec un chapeau en papier aluminium sur la tête, tout en ressentant quelques frissons d’adrénaline comme sous une tente un soir d’orage. Je ne cours en réalité pas plus de risques qu’un candidat à Fort Boyard, mais je ferai quand même accompagner les images d’une musique lugubre.
Mon sentiment d’impunité est tel que je peux tirer sur des enfants jouant au foot sur une plage (après avoir déjà tiré au canon, lors d’une précédente agression, sur une famille en train de pique-niquer sur une plage - j’ai un problème avec les gens sur une plage).
La complaisance est telle que je peux ensuite dire que je ne les avais pas vus, ou
- que je ne savais pas qu’il s’agissait d’enfants, ou
- demander ce que faisaient des enfants sur une plage en pleine guerre, ou
- que j’ai pris le truc rond dans lequel ils tapaient pour une bombe nucléaire, ou...
Je peux assassiner des militants humanitaires dans un bateau, les écraser avec un bulldozer, tirer une balle dans la tête d’un gamin qui ne faisait que passer par là... la liste est longue, mais celle de mes justifications l’est encore plus.
Bref, je peux raconter et faire n’importe quoi, être le plus grand salaud sur terre s’il le faut, j’aurai toujours la certitude que ma version sera dûment répercutée par les médias avec toute la complaisance due à mon statut de voyou international - un avantage et statut que je partage avec les Etats-Unis.
Mes relais politiques à l’étranger - ce qui inclut la France - feront preuve de la même lâcheté et complicité dont ils font preuve sur tous les autres sujets (sauf lorsqu’il s’agit de faire la guerre, où ils deviennent soudain très déterminés).
Et voilà.
Le
renversement des valeurs est tel qu’on prétend ici m’interdire de
manifester « pour la Palestine » tout en me déconseillant de manifester
« contre Israël ». Pourtant, je ne connais pas la Palestine. Je ne
connais pas de Palestinien. Pas plus que je ne connais la plupart des
victimes d’un viol ou de tout autre crime. Et pourtant, dans ces cas-là,
je ne m’exprime pas tant « pour » la victime que « contre » le
criminel. Et le criminel ici, c’est l’Etat d’Israël. Point.
Alors,
défendre Israël, c’est défendre le racisme institutionnalisé, c’est
défendre la violation du droit international, c’est défendre un régime
criminel. Et le fait qu’Israël soit un état « juif » et/ou
« démocratique » ou non n’y change strictement rien. Mais voilà, aux
yeux des défenseurs de l’Etat d’Israël, la nature de l’Etat en
question prime sur ses actions et/ou lui confère en quelque sorte des
droits supérieurs à tout autre Etat. Ce qui est, soit dit en passant,
l’essence même d’une pensée de type raciste. Ce qui n’est d’ailleurs
certainement pas un hasard si on considère que la plupart des fervents
défenseurs d’Israël sont - dans la vraie vie - de fieffés racistes.
Finalement,
se faire taxer d’antisémitisme lorsqu’on critique un Etat
officiellement raciste s’intègre parfaitement dans ce monde inversé où
un parti d’extrême-droite peut se faire passer pour un parti de gauche
et se dire même socialiste.
Avec Israël, plus on s’y intéresse, et plus on se rend compte.
(*) Entre 14mn et 17mn - Le reportage sur la famille Sberro : http://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/jt-de-20h-du-s...
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