Dans un réveil tardif, le gouvernement algérien veut
reprendre la main dans les affaires économiques, prendre des décisions
souveraines qu’il a aliénées par son association à l’Union Européenne notamment,
contrôler le flux absolument délirant des importations et protéger une
production nationale industrielle qui a chuté de 25% à 04% du PIB.
C’est pourtant lui qui mis en place ce système de
l’import/import où tout est bon pour sortir les devises du pays avec toutes les
astuces connues ou encore secrètes du gonflement des factures, aux sociétés
intermédiaires ou écrans, à l’achat des produits chez des sociétés sous
prête-nom mais qui appartiennent à l’importateur, jusqu’à la substitution de
déchets abandonnés dans leurs conteneurs aux produits désignés dans les
factures.
Les différents ministres de l’Agriculture ont découragé,
voire interdit la reproduction de nos semences. En trente ans, ils ont soustrait
des dizaines de milliers d’hectares aux cultures stratégiques nécessaires à la
sécurité alimentaire ou à l’industrie agroalimentaire. Ils ont coulé totalement
la filière de la tomate industrielle et de son concentré ou celui des jus de
fruits, remplacés par le poison des composés chimiques importés.
L’agriculture algérienne est à la merci des grands et des petits
Monsanto au gré des ristournes, commissions et enveloppes, toutes choses
nécessaires au «climat des affaires» qui permet d’adopter, à
la carte, les réglementations sociales, environnementales, fiscales etc.
de nos pays Sud ou de les adapter aux besoins du taux de profit des
entreprises étrangères.
Ce processus de démantèlement de l’économie du pays s’est fait aux
profits convergents du capital étranger d’une part, d’un lobby interne
lié organiquement au pouvoir et associé intimement aux décisions
politique d’autre part, et enfin, d’un groupe tenu en marge du pouvoir
et coutumier des pratiques mafieuses illégales impunies et de la
jonction avec l’informel.
Ces importateurs ont créé des pôles commerciaux, des villes champignons et des zones commerciales «libérées»
du tout contrôle d’Etat. Ils ont organisé des circuits de stockages, de
distribution et de fixation des prix parfaitement autonomes. Pour faire
échec à la loi de finance complémentaire de 2010, timidement corrective
de l’hémorragie outrancière de devises, ils ont provoqué les hausses
artificielles des prix en décembre 2010 et préparé les émeutes
rémunérées -de l’aveu même des émeutiers- de janvier 2011 qui devaient
amorcer le «Printemps» arabe avec la CNCD et les marches du samedi.
Ces réseaux ont modifié en profondeur l’ordre urbain avec leurs
quartiers, leurs villas, leurs zones de commerce, leurs sanctuaires.
Ils ont modifié profondément l’ordre social en synergie avec les
notables sollicités, à chaque émeute, par le pouvoir. Ils ont créé, avec
eux, une caste nouvelle, au-dessus des lois quoi régissent le commerce,
le passage des frontières et qui pratique la contrebande à ciel ouvert
avec la «location des routes» à nos frontières. Nouvelle noblesse, au-dessus des lois comme premier privilège, elle a pris le pouvoir d’Etat.
Ils ont modifié l’ordre politique. Ils mobilisent la masse des
personnels à leur disposition, revendeurs à la sauvette, clients
ordinaires, commerces patentés, employés marginaux, tous liés, par
ailleurs, par des liens du sang et du clan, pour mener les campagnes
électorales, les financer, soutenir les candidats de l’échelon local à
l’échelon national, acheter l’investiture des partis à leurs candidats.
Ou provoquer ou financer des troubles.
Cette classe est le secret des succès électoraux du régime et la base
de sa stabilité. Pour cette même raison, elle est la cause profonde de
la crise de l’Etat. Et de ce paradoxe que nous sommes un pays où existe
une crise de l’Etat sans crise du régime.
Bien sûr, avec ce système social en construction, la seule forme
d’exercice concrète du pouvoir est la forme monarchique, d’où cette
impression, et cette réalité, que les choses se règlent «dans la Cour» et par proximité du roi et de ses favoris.
Il sera très difficile pour le pouvoir de renverser le siège sur
lequel il est assis. Et encore moins de faire face aux connexions, aux
alliances internationales et aux réseautages du pays par nos «partenaires occidentaux» comme disent les russes.
La voie qu’il promet d’ouvrir est déjà fermée par sa nature de classe.
impact24.info
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