Avant l’euro, c’était : "t’as pas cent balles"…et puis tout change.
Voici venu le temps du revenu de base.
Un concept étonnant, qui ne devrait pas l’être, et que défendent autant des humains de gauche ou de droite.
Ce ne serait donc pas un sujet permettant des clivages politiques.
Pour faire court, il s’agit de donner 1000 € (ou plus/ou moins), à tous les adultes du pays, dès leur majorité, sans contrepartie, et qu’ils travaillent ou pas.
La 1ère réaction est de dire : « nous allons
encourager la paresse, la fainéantise », et le stade de réflexion qui
suit est : « qui va payer » ?
À la première question, il est facile de répondre, en
affirmant que « ne rien faire c’est déjà faire »…et si on veut aller
plus loin, on peut se pencher sur le concept du travail.
Il faut d’abord se souvenir qu’étymologiquement, le mot « travail » vient du latin « tripalium », lequel était un instrument de torture, travail effectué donc « de force » à l’instar de l’activité des esclaves. lien
Se rappeler ensuite que dans les textes anciens, bible, et
compagnie, l’humain ayant désobéi en mangeant "le fruit défendu" avait
gagné comme PUNITION le travail : « tu mangeras le pain à la sueur de ton visage… ». (la Bible, chapitre 3, verset 19) lien
L’affaire est donc entendue.
Le travail est une punition, et il suffit de constater
l’énergie que nous déployons à fabriquer des robots pour leur permettre
de faire ce travail à notre place pour en réaliser la réalité.
Aujourd’hui, un ordinateur remplace un certain nombre
d’employés…un robot mécanique fait de même dans la fabrication d’objets
de consommation, avec une évidente réussite.
Et demain, logiquement, il est probable que plus personne
n’aura besoin de « mettre la main à la pâte », puisqu’il sera remplacé
par des robots.
Nous n’aurions plus besoin de travailler… et d’ailleurs,
grâce aux prouesses de nos technologies, nous sommes devenus chômeurs,
ce qui est déjà le cas pour beaucoup d’entre nous.
Il s’agit donc de verser à tous les citoyens une somme égale, aux alentours des 1000 €, sans la moindre contrepartie.
Alors qui va payer ?
La réponse est simple.
Nous allons tous payer.
Il ne s’agit pas seulement d’aider les plus pauvres, il s’agit simplement de réaliser une meilleure répartition de la richesse.
Aujourd’hui existe un « salaire minimum »… et il suffit d’instaurer un « salaire maximum ».
Et puis quand l’on voit les milliards que l’Etat jette par
les fenêtres, ou le peu d'entrain qu'il déploie pour récupérer celui de
l’exil fiscal, on devine que le financement de ce RDB n’est pas si
illusoire. lien
La controverse du salaire maximum perdure et certains affirment qu’il existe dans notre pays des humains qui gagnent 400 fois le salaire minimum. lien
Si la moitié du patrimoine des 500 plus grosses fortunes françaises était distribuée aux enfants pauvres du pays, chacun de ceux-ci recevrait 61 000 €.
Ce serpent de mer du « salaire maximum » n’en finit pas de louvoyer…Ford, créateur des voitures du même nom, admettait qu’il soit sur une échelle de 1 à 10…Claude Beland, président du MEDAC (Mouvement d’Education et de Défense des Actionnaires) le situait entre 20 fois et 30 fois le salaire moyen…et Pierre Moscovici avait jeté le trouble en 2010 en proposant un écart maximum de 1 à 5 entre le plus haut et le plus bas salaire.
Aujourd’hui, ministre de l’économie, il semble avoir mis de l’eau dans son vin, puisque, après avoir annoncé en juin 2012 un plafonnement du salaire des patrons des entreprises publique, limitant à 20 fois celui-ci par rapport au salaire le plus bas (lien), il est devenu bien moins ambitieux quelques mois après, renonçant à un plafonnement du salaire des patrons. lien
Si demain une loi décidait de fixer un salaire maximum, par exemple à la hauteur de 10 fois le salaire minimum, il serait possible de verser à chacun un « revenu de base » de 1000 euros, sans pour autant affecter les finances de l’état.
Bien sur, cette décision égalitaire et sociale ne fait pas l’unanimité.
Mais à bien y réfléchir, elle aurait des conséquences dont nous ne sommes pas capables aujourd’hui de comprendre l’étendue.
Ces femmes et ces hommes, à qui on donnerait sans
contrepartie cette somme, auront vraisemblablement l’envie de ne plus
rien faire, fréquentant hamacs et chaises longues…
C’est probable…
Mais au bout d’un certain temps, n’auront-ils pas l’envie de « faire quelque chose de leur vie », d’occuper leur temps à ce qui les intéresse vraiment ?
Le terrain est vaste.
Écouter le chant des oiseaux, lire ou écrire, voyager,
découvrir, créer sans pour autant penser à monnayer le fruit de leur
travail ?
Aujourd’hui, ils sont déjà des millions à faire ce qu’il est
convenu d’appeler « le bénévolat », qui consiste à produire du bien
social sans la moindre contrepartie financière.
Avec le RDB (revenu de base), ils seront manifestement
encore plus nombreux, et quels seront les fruits de toutes ces activités
bénévoles ?
Ils sont aujourd’hui quelques millions à perdre leur temps à
« gagner leur vie », (il faut bien rembourser les emprunts divers et
variés), et si demain, cette contrainte disparait, ils auraient tous la
possibilité de s’interroger sur le sens de leur vie…Qu’ont-ils l’envie
d’en faire ?
Cette production sociale à venir pourraient en étonner plus d’un.
On peut l’imaginer, mais personne ne peut en comprendre aujourd’hui l’ampleur.
Une première conséquence est évidente : ils pourront
redevenir consommateurs…et relancer fatalement la croissance du pays,
permettant une diminution du chômage, et un enrichissement des
entreprises, ce qui n’est pas anodin, même si l’on peut penser qu’elle
n’est pas une bénédiction, puisque notre planète n’est pas extensible.
Sur le terrain, une expérimentation du RDB vient d’être décidé en Finlande, puisque près de 80% de la population y était favorable et il faudra attendre quelques temps pour en tirer les conclusions. lien
Les finlandais ont fixé à 560 € le montant
du revenu de base, versement associé à la disparition de toutes les
aides sociales, mais aussi à l’élimination des déductions fiscales.
Il faut rappeler ici que, suivant les partis politiques, des
divergences existaient sur le montant : l’alliance de gauche défendant
les 620 €, les écologistes, 440 €, et les libéraux hésitant entre 850 et 1000 € mensuels, alors qu’un hebdomadaire finlandais (Helsinki Times) estime qu’elle devrait être de 1166 € pour lutter efficacement contre la pauvreté. lien
Les retraités recevront 743 € par mois, ce
qui remplacera la pension actuelle garantie, et pour les étudiants, le
RDB se substituera aux bourses d’études, modifiant entre autre le calcul
de l’allocation logement, puisque le revenu de ce groupe social verra
son revenu moyen augmenter sensiblement. lien
En Finlande, on ne peut que constater, depuis la mise en place du RDB, le changement du positionnement de certains partis, dont le SDP (parti social démocrate), lequel était hostile auparavant à cette mesure, et qui par la voix de son président, Antti Rinne, ex ministre des finances, vient de déclarer : « si le revenu de base signifie que chacun est assuré d’une vie décente, le SDP doit s’impliquer dans ce débat. »
Antti Palola, dirigeant syndical considéré
comme l’une des plus grandes figures finlandaises, lui a emboité le pas,
changeant délibérément d’attitude face à ce dispositif, déclarant : « j’ai
personnellement réfléchi et j’en arrive à la conclusion que dans le
mouvement syndical, nous devons nous repositionné sur cette question.
Après tout, nous avons toujours été très favorables à une forme de
sécurité sociale basée sur le revenu. Nous avons constaté que c’était
une bonne chose ».
Ce changement d’attitude est d’autant plus surprenant que lors des récentes élections finlandaises, 80% des candidats étaient opposés à cette mesure sociale. lien
Le président du Bien-Finlande, Otto Leht, évoque un « moment historique », rappelant l’infructueuse initiative citoyenne, qui finalement, grâce à une forte médiatisation, a fait basculer l’opinion. lien
C’est donc le premier pays européen qui lance cette mesure sociale…lien
En Hollande, la ville d’Utrecht
va tenter l’expérience du RDB en la limitant aux chômeurs, et selon le
site français du RDB, une trentaine de municipalités hollandaises
seraient tentées aussi par l’expérience.
En France, l’Aquitaine s’engage timidement, en prévoyant de financer une étude de faisabilité d’un RSA inconditionnel pour 3 départements de la région : la Gironde, la Dordogne, et le Lot-et-Garonne. lien
À qui le tour ?
L’avenir nous le dira, car comme dit mon vieil ami africain : « la plupart des humains vivent plus avec de vieux problèmes qu’avec de nouvelles solutions ».
L’image illustrant l’article vient de lqj.ch
agoravox.fr
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