Le Yéti
Éternelle rengaine : les pauvres sont les profiteurs d’un assistanat social qu’il convient de supprimer.
Je connais tout plein de RMistes. Mais
non, ne m’arrête pas, je ne sucre pas encore les fraises. Le RSA, revenu
de solidarité active, a remplacé le RMI, revenu minimum d’insertion, du
temps de Martin Hirsch, je sais bien. Les gens dont je te parle
perçoivent aujourd’hui le RSA après avoir perçu le RMI durant des
années. Certains, depuis qu’ils ont l’âge de percevoir le RMI.
Des gens enkystés dans l’assistanat. Parasites ! Fraudeurs ! Profiteurs ! Tu
connais le refrain… Délaissons la morale à géométrie variable des
politiciens qui n’ont jamais travaillé. Et parlons du petit monde qui
surnage en apnée entre la rue et les dispositifs d’intégration des marginaux.
Tous ces gens bénéficiant du RMI/RSA souffrent de troubles qui
relèvent de la psychiatrie. Ça va de la dépression au long cours aux
maladies mentales en passant par les TOC, troubles obsessionnels
compulsifs, ou les machins maniaco-dépressifs. Une kyrielle de troubles
ou symptômes dont je ne connais pas toujours les noms. Pas de diagnostic
personnel — incompétent dans le domaine — je me fie aux médecins qui
suivent ces gens. L’un passe chaque semaine à l’hôpital de jour. L’autre
fait un séjour de temps à autre dans l’hôpital psychiatrique de la
ville ou dans une villégiature rurale de la même farine. Quand une
troisième sort enfin du dispositif RMI/RSA, c’est parce qu’elle
perçoit enfin l’AAH, allocation adulte handicapé, rapport aux petits
lutins qui vivent dans son réfrigérateur ou aux voix qui sortent de son
placard.
Rappeler sans cesse que l’on a supprimé plus de 50 000 lits en
psychiatrie en une vingtaine d’années. T’es-tu demandé ce que sont
devenus les malades qui occupaient ces lits ?
Bien sûr, les paranoïaques, schizophrènes et tourneboulés d’obédience
diverse ne sont pas tous les RMistes. Mais ils représentent tout de
même un bien joli paquet de ceux qui ont souscrit un abonnement à vie au
RSA/RMI.
Wauquiez voulait supprimer le RSA. Chiche ! Mais, comme certaine
droite se proclame humaniste [allons, ne ricane pas comme ça], faudra
lui rappeler qu’elle doit aussi remettre en service les lits d’hôpitaux
psychiatriques, construire des dizaines de milliers de logements
thérapeutiques pour tous ceux qui peuvent vivre hors HP, recruter
quelques milliers de psychiatres plus quelques dizaines de milliers
d’infirmiers et aides-soignants. Et ce sera bien mieux pour tous nos
tapés de la cafetière.
Menu détail, mais les Wauquiez et autres Copé de même farine sont
très attachés à ce détail-là, on verra à cette occasion que le RSA, même
additionné de l’AAH, reste trèèès bon marché. Et peut-être même que
c’est un détail comme ça qui les arrêtait quand ils étaient aux
commandes.
Wauquiez a profité de la solidarité nationale pour faire une classe
prépa à Louis le Grand-Henri IV, a reçu un salaire pendant ses études —
École Normale supérieure puis École Normale d’Administration — et a
hanté les fonctions électives et cabinets ministériels assez longtemps
pour que les citoyens français lui paient une confortable rente à vie.
Les gens qui sont au RSA paient plus d’impôts, en TVA, et coûtent très
beaucoup moins cher à la collectivité que lui.
Encore un détail. Wauquiez l’étudiant n’a pas fait l’équipier au
MacDo. Il a bénéficié d’une assistance personnelle pendant toutes ses
études : une gouvernante, une bonne quoi, était mise à sa disposition pour faire sa bouffe, laver ses chaussettes et faire son ménage.
Qui est l’assisté ?
« Tu voudrais t’endormir, mon amie / Ainsi ne plus penser / Tu
voudrais plus revenir, mon amie / Effacer tes pensées. » Antoine
Bertazzon chante Fanny avec un ensemble de jeunes musiciens classiques qui brode des arrangements somptueux. Une découverte via le site de chansons Crapauds et Rossignols.
Le Yéti
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