mardi 16 juillet 2024

Homophobe, raciste, complotiste : les euro-députés RN élisent un ex-général pro-Mussolini

Roxane Sinigaglia

Les députés européens du RN ont élu à la vice-présidence du groupe « Patriotes pour l’Europe » un ancien général, auteur d’un pamphlet homophobe et pro-Mussolini, en prétextant ensuite ne pas être au courant de ses positions.

Les députés européens du RN et membres du groupe parlementaire « Patriotes pour l’Europe » ont élu lundi 8 juillet comme vice-président Roberto Vannacci, un ancien général, défenseur de Mussolini, ouvertement homophobe et raciste. Le parti de Jordan Bardella a, dès le mercredi, tenté de se délimiter de cette nomination en assurant qu’il s’y était opposé, ce qui a été démenti rapidement par un communiqué interne. Celui-ci prouve que la commission qui a élu Jordan Bardella comme président du groupe lundi a également choisi le général Vannacci comme vice-président.

Qui est donc Roberto Vannacci, cet ex-général nostalgique du fascisme italien ?

Cet ancien général est entré dans la vie politique à l’été 2023, avec la publication d’un best-seller homophobe et xénophobe auto-édité, Il Mondo a contrario (Le monde à l’envers). Le journal le Grand Continent a notamment récolté des passages de ce livre, qui illustrent bien les opinions politiques de ce nouveau député européen. Il y tient notamment des propos homophobes : « Chers homosexuels, vous n’êtes pas normaux. Il faut s’en remettre ! La normalité, c’est l’hétérosexualité. Mais si tout vous semble normal, c’est à cause des intrigues du lobby gay international (…) ».

Il a également tenu des propos complotistes : « un lobby gay contrôle l’information… rien ne se fait par hasard. Il y a quelqu’un, un groupe de pression qui opère », ainsi qu’antisémites : « Il y a eu la Shoah, d’accord, mais cela n’immunise pas la religion juive », et xénophobes : « Que nous le voulions ou non, nous ne sommes pas nés égaux sur cette terre. Par conséquent, ceux qui arrivent en Italie devraient être immensément reconnaissants pour notre compassion et notre générosité. Paola Egonu [joueuse de volley-ball italienne originaire du Nigeria] est de nationalité italienne, mais il est clair que ses caractéristiques physiques ne représentent pas l’italianité ».

Sa campagne pour les européennes a également été marquée par des hommages à Mussolini, dans le but de recueillir le vote des nostalgiques du fascisme : « Mussolini est un homme d’État, comme l’étaient Cavour, Staline et tous les hommes qui ont occupé des postes importants : c’est la première définition d’homme d’État dans le dictionnaire », ou encore « Le fascisme a pris fin il y a de nombreuses années. Se dire antifasciste, c’est comme dire qu’on est anti-napoléonien : c’est risible ». Ces positions réactionnaires et racistes n’ont pas empêché Matteo Salvini de le choisir comme député européen et membre de la Ligue. Il l’a justement recruté pour se maintenir dans la course aux européennes, en se positionnant à droite de Giorgia Meloni et de son parti, Fratelli d’Italia. C’est notamment le général qui lui a permis d’atteindre 9% des suffrages, en lui rapportant plus de 500 000 voix.

Après avoir élu Vannacci, les députés RN prétendent ignorer son best-seller homophobe et raciste

Les députés RN ont prétexté ne pas être au courant des propos tenus par Roberto Vannacci au cours de sa carrière, comme l’assure Jean-Paul Garraud, ancien chef de file RN à Bruxelles : « Ce n’est qu’après que nous avons pris connaissance des déclarations inadmissibles du député Vannacci. Nous trouverons rapidement une solution ». D’autres affirment n’avoir pas reçu de consigne contre l’ex-général, ou que le choix n’a été fait que par les députés du parti italien dont est membre Vannacci, la Ligue. Cette quantité de mensonges masque mal l’alliance objective qui existe entre le parti français et italien d’extrême-droite, ainsi que le soutien porté par le RN à une figure raciste et pro-Mussolini comme celle de Roberto Vannacci.

Les tentatives des députés RN de masquer la nomination de l’ancien général en tant que vice-président du groupe parlementaire « Patriotes pour l’Europe » illustrent leur volonté de dédiaboliser toujours plus leur parti. Mais il ne faut pas s’y tromper, le parti d’extrême-droite français partage les idées racistes et réactionnaires du député européen italien, comme l’illustre les provocations racistes, néo-nazies ou anti-IVG des candidats RN aux législatives. La normalisation des idées d’extrême-droite a été permise par des années de politiques anti-sociales et racistes menées par l’alternance gauche-droite, puis par le macronisme...

...et elles ne pourront être combattues qu’à travers la mobilisation la plus large et dans la rue, sans aucun espoir dans ces logiques électoralistes qui ont permis l’avancée fulgurante de l’extrême-droite dans les urnes.

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